« La marque de mes films, c’est le voyage » Tony Gatlif (France Culture, 22 octobre 2021)
Photo © Patrice Terraz, Alès 2010
Tony Gatlif sera le parrain de la 40e édition du Festival Cinéma d'Alès - Itinérances, qui se déroulera du 25 mars au 3 avril 2022.
Une photo de sa collection personnelle, sur laquelle il apparaît, a été choisie pour figurer sur l'affiche de la manifestation.
Le réalisateur, compagnon de longue date d'Itinérances, se verra remettre à Alès le "prix de la 40e édition", spécialement créé.
Une grande partie de sa filmographie, couvrant plus de quatre décennies, sera proposée au public (et plus particulièrement aux lycéens et étudiants en cinéma), Tony Gatlif donnera une masterclass et aura carte blanche pour présenter des films et inviter des personnalités du cinéma qui lui sont proches. Cet hommage permettra également à Itinérances de mettre en valeur son travail peu connu de dessinateur et, bien évidemment, d'explorer son univers musical, avec un concert exceptionnel co-produit avec la scène nationale d'Alès, Le Cratère.
Affiche : Julie Jourdan / Photo © collection Tony Gatlif - Remerciement à Vincent Delerm
Tony Gatlif
Auteur d’une œuvre emblématique autour de la thématique Itinérances, le réalisateur gitan andalou (né dans la périphérie d’Alger), commence par être acteur de théâtre au tout début des années 70. Le besoin de cinéma arrive assez vite. Avec un scénario tout d’abord (La Rage au poing, 1973), puis une première réalisation, en 16 mm en 1975, La Tête en ruines. Il aborde ensuite dans ses films des thèmes qui lui sont chers : l’Algérie et l’exil (La Terre au ventre, 1978), les gitans de Séville et de Grenade (Corre Gitano, 1982), la sédentarisation des gitans (Les Princes, 1982). On voit alors naître un cinéaste atypique, engagé, poétique. Musical aussi avec le magnifique et enivrant Latcho Drom en 1993 où il nous transporte dans l’histoire de la grande migration tsigane, du Rajasthan à l’Espagne et qui remporte le prix Un Certain Regard au Festival de Cannes. Il recevra d'ailleurs deux César de la Meilleure musique pour Gadjo Dilo en 1999 et Vengo en 2001.
Il adapte en 1994 un roman de Jean-Marie Le Clézio (Mondo), réalise ensuite le très remarqué Gadjo Dilo (1997) avec Romain Duris parti à la recherche d'une chanteuse inconnue en Roumanie, qu’il retrouvera pour Je suis né d’une cigogne l’année suivante accompagné de Rona Hartner.
Toujours avec Romain Duris, Tony Gatlif retourne sur la terre de son enfance, l’Algérie, pour Exils qui remportera le prix de la mise en scène à Cannes en 2004. Festival de Cannes dont il fera la clôture en 2006 avec Transylvania. Il faudra attendre quatre ans pour un nouveau film : Liberté, qui offre à Marc Lavoine le rôle d’un «Juste» qui s’évertue à protéger un groupe de tziganes durant la Seconde Guerre Mondiale. Il laisse à nouveau de côté le monde des gitans le temps d’un film : Indignados en 2012, un témoignage fictionné d’une Europe révoltée. Dans Geronimo, il retrouve cet univers et fait essentiellement appel à des acteurs non expérimentés. Ensuite viendra Djam, en 2017, film sur l’exil, une errance à la frontière de la Turquie et de la Grèce. Enfin, en 2021 Tom Medina suit un jeune délinquant (dont le parcours ressemble à celui du cinéaste dans ses jeunes années) cherchant à se réinsérer dans une Camargue sauvage et mystique.
Parti de rien, autodidacte, Tony Gatlif construit, film après film, la mémoire du peuple auquel il appartient, même s’il reste étranger à l’idée d’un rattachement exclusif à une communauté et qu’il se définit lui-même comme un « méditerranéen ». Il est ce cinéaste magicien dont les films détiennent un secret inexplicable qui touche au cœur et au corps.
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