24.9.24

BERGERS : Interview de la réalisatrice Sophie Deraspe et de l’acteur Félix-Antoine Duval (“Mathyas”)


BERGERS (TIFF 2024) Sortie France: 30 Avril 2025 chez Pyramide

Interview de la réalisatrice Sophie Deraspe et de l’acteur Félix-Antoine Duval (“Mathyas”)

Par Emmanuel Itier



Q: Comment as-tu décroché ce rôle?



Félix-Antoine: En fait je suis arrivé sur “Bergers” après un processus d’auditions. Par contre, ce processus là a été plus long que d’autres. En effet, j’ai passé ma première audition en Novembre 2019 mais ensuite il y a eu cette pandémie mondiale du Covid qui a tout mis en arrêt. D’autant que nous avons dû tourner le film en Provence, dans le Sud de la France et donc c’était impossible de se rendre là-bas vu que nous sommes Canadien et nous vivons sur Montréal. J’ai passé ainsi une seconde audition après la levée des mesures de restrictions en Janvier 2023. Enfin, en Février 2023, j’ai passé un dernière audition et Sophie, la réalisatrice, a confirmé mon rôle dans “Bergers” et pour jouer “Mathyas”.



Q: Et toi, Sophie, pourquoi le choix de ce film et parles-nous de la genèse de ce film?




Sophie: Tout a commencé avec la lecture du roman qui a inspiré librement ce film. Le roman m’avait beaucoup ému et j’ai tout de suite pensé que cela pouvait donner naissance à un film assez unique. C’est un film sur le changement, sur le déracinement, sur la découverte du moi intèrieur.





Q: Parles-nous des défis auxquels tu a dû faire face?



Sophie: Au delà de l’adaptation en script qui fut un gros boulot, j’ai dû ensuite trouver les lieux de tounage idéaux. J’ai dû aussi comprendre la motivation de Mathyas pour devenir berger. Dans la passé tu devenais berger de père en fil sou parce que tu n’avais pas une meilleure education pour accèder à d’autres emplois. Aujourd’hui c’est vraiment un choix de s’extraire du monde et iune reconnection avec la nature. C’est quelqu’un qui décide de se “rebrancher” au vivant, au monde “bio”. Lee plus gros défi fut de “gérer” le troupeau de brebis et le chien du berger. Heureusement nous avons rencontré des gens formidables qui ont su “diriger” ces animaux pour nous. On dit toujours dans le cinéma que le plus dur est de mettre en scènes les enfants et les animaux. Là c’est comme si j’avais 3,000 enfants avec toutes ces brebis! Cela a été un vrai casse-tête pour trouver les bonne montagnes, les bons troupeaux, les bons bergers véritables pour que tout se passe au mieux. Ce fut un tournage épique et beaucoup plus compliqué que je ne l’avais imaginé.



Q: Comment est-tu rentré dans la peau de Mathyas?



Félix: Déjà la scénario était assez riche pour saisir qui est Mathyas. Mais j’ai demandé à Sophie si elle me conseillait de lire le roman dont elle avait tiré le script. A cette lecture j’en ai apris beaucoup plus sur l’univers de Mathyas et ses motivation de devenir un berger. Le film est “librement” inspiré du roman. Sophie avec donc fait quelques changements. C’est toujours mieux d’en apprendre le maximum sur un personnage et ensuite de ne garder que le nécessaire pour pouvoir en faire la meilleure interprétation.

Ensuite il m’a fallu me “familliariser” avec le brebis et donc je suis arrivé une semaine avant le début du tournage pour parvenir à sentir ces animaux et que celles-ci s’acclimatent aussi avec moi. D’autant que je n’avais jamais vu de près une brebis de ma vie. J’ai dû aussi créer un lien avec mon chien de Berger. Il y a notamment un plan impressionant où j’envoie le chien rassembler tout le troupeau qui petit à petit se forme et vient sur nous. C’est à couper le souffle.



Q: Quels sont les thèmes abordés dans ce film? Quel est le message du film?



Félix: Le berger en fait s’inscrit dans un cycle totalement naturel. Il s’inscrit dans ce qui est. Le soleil fait pousser l’herbe, l’herbe est mangée par les brebis et les brebis sont gardées par le berger. Il faudrait que les grosses sociétés agro alimentaires commencent à imiter la nature au lieu de tenter de la remplacer. Je pense que ce film invite les gens à rêver grand leurs rêves et à leur donner une dimension réelle. J’espère vraiment que les gens qui verront notre film se rendront compte que dans la vie il faut tout oser, il faut oser de vivre la vie qui est en nous. Il faut mettre nos peurs de côté et il faut toujours nous ré-inventer. Je me souviens avoir vu le film “The Holy Mountain” d’Alejandro Jodorowsky et où le personnage principal se rend compte que tout est possible dès lors qu’il se met dans une disposition mentale pour permettre au possible d’exister. Tant que l’esprit commande au corps de faire tel ou tel chose, alors le corps se met en accord et excécute la demande de l’esprit. Les vraies distances sont dans nos têtes.



Sophie: Je pense que l’on a tous eu des moments où on s’est demandé si on avait fait le bon choix de vie, si on est au bon endroit dans notre existence. Est-ce que on est en train d’accomplir la vie que l’on doit accomplir. C’est ce que décide de faire Mathyas, de ré-évaluer sa vie et de faire un choix radical de changement et avec un peu de naïveté. Il le fait avec beaucoup de candeur, courage et persévérence. Je pense qu’avec toutes les crises que notre monde traverse, surtout depuis la pandémie, que nombres d’entre nous se demandent vraiment si nous avons fait les bons choix ou pas dans la vie. C’est aussi une histoire d’amour ce film où deux personnes apprennent à reconnecter avec leur ame, avec l’autre. Cela se passe d’une manière naturelle et non forcée.



Q: Que représente TIFF pour toi?



Félix: Je suis content d’être à TIFF car en 2020 je devais être ici mais le Covid à tout mis de côté. TIFF est un tremplin fabuleux pour un film et j’espère donc que le public nous acceuilleura chaleureusement. Au niveau de ma carrière cela me permet aussi de mieux exister et de me faire connaitre.



Sophie: J’avais eu une expérience fabuleuse en 2019 avec mon film “Antigone”. Donc je reviens avec le même plaisir et je suis acceuillie avec beaucoup de chaleur. C’est comme si je reviens “à la maison”. J’espère que ce film “surfera” la bonne vague et que ce film fera du chemin. Mais notre business est tellement imprévisible que l’on ne sait jamais.



Q: Est-ce que ce rôle t’as transformé d’une certaine manière?



Félix: C’est certain que d’avoir touché au métier de berger qui existe depuis la nuit des temps te transforme énormément. C’est incroyable cette expérience qui m’a permis de rentrer en contact avec la nature, cela te rend plus humble.



Sophie: Ce fut un film difficile à tourner et je me suis demandé plus d’une fois si j’avais fait le bon choix de parcours. Je me suis plusieurs fois remis en question comme le personnage de Mathyas. Un film ne se fait jamais seule, heureusement, et toute l’équipe, vos producteurs, vous soutiennent pour que tout finisse par se faire. Il ne faut rien lacher, c’est cela la grande difficulté dans la vie, quelque soit votre activité. Après avoir escalade cette montagne d’avoir réaliser ce film et en être redescendu saint et sauf, je crois que j’ai le coeur encore plus grand ouvert et le regard qui regarde encore plus loin. J’ai repoussé les limites de mes peurs et j’ai grandi avec plus de force et de conviction.


No comments:

Editor's blog

My Film Festivals news